TFTT #14 â Parlons impact environnemental et IA avec Will Alpine [Interview] đ
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Ce mois-ci dans Tales from the Tech, vous trouverez :
- Dans notre Ădito : ce que disent de la tech les commentaires de Musk sur La GaitĂ© Lyrique đ©
- L'actu tech en bref, avec un focus spĂ©cial "boycott" đ ââïž
- Un Grand Format qui se fera pour la premiĂšre fois sous forme d'interview, avec lâactiviste et ex-employĂ© de Microsoft, Will Alpine đ
- Une Reco trĂšs papier đ

Les commentaires de Musk sur la Gaité Lyrique résument parfaitement la "pensée tech"
La tech US et ses tĂȘtes de pont s'infiltrent dĂ©sormais dans tous les dĂ©bats, des plus techniques aux plus humains. Cela a encore Ă©tĂ© le cas trĂšs rĂ©cemment autour du cas complexe de l'occupation de La GaitĂ© Lyrique, lieu culturel emblĂ©matique et central Ă Paris.
Rappelons les faits : en Décembre dernier, au tout début d'une importante vague de froid, plusieurs centaines de jeunes isolés et à la rue, migrants pour la plupart et membres du collectif des Jeunes du Parc de Belleville, décident d'occuper La Gaßté Lyrique.
FidĂšles Ă leurs valeurs humanistes, les organisations gĂ©rant le lieu (notamment SINGA, ARTE ou makesense) dĂ©cident d'assurer lâaccueil et la sĂ©curitĂ© de ces jeunes, tout en demandant l'aide rapide des autoritĂ©s, car La GaitĂ© n'est Ă©videmment pas un lieu dâaccueil adĂ©quat.
Aide qui ne viendra pas avant plusieurs mois... mettant dans une situation extrĂȘmement compliquĂ©e les jeunes, mais Ă©galement les employĂ©.e.s de la GaĂźtĂ© ; dont j'ai l'honneur de compter certains parmi mes amis proches, et donc d'ĂȘtre familier des difficultĂ©s techniques et psychologiques rencontrĂ©es.
Ces employé.e.s décident fin février, aprÚs 79 jours d'occupation et un départ d'incendie heureusement jugulé, d'exercer leur droit de retrait pour protester face à l'absence de prise de responsabilité des pouvoirs publics, comme le publie La Gaßté dans un communiqué en forme de nouvel appel à l'aide auprÚs des autorités.
Comme le dira Benoit Hamon, Directeur de Singa, cité par Médiapart : "Vous ne pouvez pas demander à des éclairagistes, des barmans et des cheffes de projet de faire le boulot des travailleurs sociaux."
C'est dans ce contexte que Musk, n'ayant visiblement rien de mieux Ă faire que de tweeter des fake news â n'est-il pas dĂ©jĂ assez occupĂ© Ă dĂ©pecer son pays d'adoption et Ă transformer Tesla en faillite personnelle â partage le 28 fĂ©vrier son opinion sur une situation qu'il ne connait pas.
Il est inspirĂ© en cela par un article bourrĂ© de fausses informations du mĂ©dia d'extrĂȘme droite britannique le Daily Mail.

Pour Elon Musk, l'empathie est un "suicide", l'altruisme une maladie, la solidarité un problÚme.
C'est le lendemain de cette saillie, et avec une pression médiatique montante, que la Mairie de Paris annonce enfin prendre les choses en main... sans pour autant proposer de solution pérenne au sein d'un autre lieu.
Effet Streisand cÎté Musk ? Quelle tristesse de devoir en arriver là .
Pire, puisque le lieu sera évacué dans la violence le 18 mars. Sans que la Mairie de Paris ne cherche jamais à trouver de solution digne de ce nom, et avec pour seuls retours des sphÚres médiatique et politique françaises un mélange devenu tristement habituel d'indifférence générale et de récupération politique raciste.
Cet épisode est en tout cas un nouveau révélateur de la pensée du milliardaire, pour qui l'humain n'est qu'accessoire, l'autre un adversaire, la différence une tare.
Cette "empathie suicidaire" qu'Ă©voque Musk est un concept dĂ©veloppĂ© par le professeur de marketing et essayiste Gad Saad, un toutologue comme on en fait plein chez nous aussi, se revendiquant lui de la psychologie mĂȘme s'il n'est en rien diplĂŽmĂ© de cette discipline.
Ce qui ne l'empĂȘche pas de se rĂ©clamer de "l'evolutionary psychology", mouvance doomiste et individualiste Ă souhait qui considĂšre que faire preuve d'empathie auprĂšs de personnes qui vous souhaitent du mal relĂšve trĂšs directement du suicide⊠et dâune mauvaise adaptation Ă lâenvironnement qui mettrait en pĂ©ril toute notre civilisation. Rien que ça.
Une vision complĂštement faussĂ©e et paniquĂ©e, et donc Ă©videmment particuliĂšrement plaisante aux yeux de Musk. Une vision reposant sur une conception rĂ©ductrice de lâintelligence, opposant raison et Ă©motions, hiĂ©rarchisant par ailleurs les humains dans la pure tradition eugĂ©niste.
Comme le rappelle Olivier Alexandre, "lâusage de la psychologie dans une perspective Ă©volutionnaire chez des penseurs de la Silicon Valley nâest pas nouvelle." Et il n'est surtout pas surprenant de le voir ressurgir dans cette pĂ©riode de trouble oĂč le culte de la puissance (masculiniste notamment) est en plein rebond.
Une chose est sûre, la lecture eugéniste et fascisante du monde par Musk trouve beaucoup trop d'échos de ce cÎté ci aussi de l'Atlantique, alors que le sud-africain et ses comparses (JD Vance notamment) ne détestent rien de plus que la "vieille Europe" et ses modÚles de société fondés sur le collectif plus que l'individualisme.
Il en va de la politique, mais aussi des inévitables entrepreneurs européens de la tech, qui n'ont toujours pas compris qu'ils allaient se faire manger tout cru. "Troll de génie", "fort", "cool", voilà comment on parle de Musk chez les rigolos de la French Tech.
Bah, le nazisme n'est qu'un détail de l'histoire. Ah, c'est pas comme ça qu'on utilise cette (horrible) référence ?
En attendant, courage aux jeunes qui se retrouvent à nouveau à la rue. Ainsi que, dans une moindre mesure, aux équipes de La Gaßté Lyrique, elles qui doivent relancer l'activité du lieu dans des conditions difficiles et sans budget⊠et accessoirement avec une motivation sans doute bien émoussée par le comportement de leur Mairie de tutelle.

Ădition spĂ©ciale boycott !
- Et si la politique de Trump et Musk, sous ses airs de cruel rouleau compresseur masculino-capitaliste, était le premier clou dans le cercueil de la domination américaine sur le monde ? Les réactions en Europe semblent en tout cas de plus en plus fortes, notamment au niveau des individus. Du cÎté des instances de l'UE (ou de la France, nos représentant.e.s étant trop occupé.e.s à poster de déprimants visuels générés par OpenAI), c'est certes encore trop mou.
C'est ainsi que, selon un sondage Ifop rĂ©vĂ©lĂ© par LibĂ©ration, "62% des consommateurs français soutiennent la mise au ban des produits et services venus des Etats-Unis. Un tiers dĂ©clare dĂ©jĂ pratiquer ce boycott pour dĂ©noncer les attitudes et politiques de Donald Trump et dâElon Musk."
Tesla (en perte de vitesse trÚs nette en Europe), McDo, Coca⊠mais quid de la tech ?

- Comme le montre cet article trĂšs complet du mĂ©dia tech français Next, si cela ne sera pas chose aisĂ©e, on peut dĂ©jĂ Ćuvrer dans le sens d'une indĂ©pendance plus grande vis-Ă -vis des Big Tech US. Et espĂ©rer des mouvements cĂŽtĂ© europĂ©ens, comme ce partenariat Proton x Vivaldi ou cette "Suite" lancĂ©e par le gouvernement français ? Il y a encore du boulot, mais pourquoi pas !
Avant cela, il faudra sans doute que les start-up françaises se dĂ©cident Ă arrĂȘter de vendre leurs fesses Ă Microsoft, "le nouveau parrain de la French Tech", comme l'appelle les Ăchos. - On l'a dĂ©jĂ Ă©voquĂ© encore le mois dernier ici, mais rĂ©duire son temps en ligne et sur des Ă©crans est Ă©galement une excellente mĂ©thode pour gĂȘner les Big Tech. Peut-ĂȘtre encore la mĂ©thode la plus simple, quand on connaĂźt la mainmise des entreprises amĂ©ricaines sur notre "productivitĂ©" et nos loisirs connectĂ©s.
En plus : ce sera meilleur pour votre santé, et il y a des chances que ça vous rende moins con, comme le prouve la conclusion assez édifiante de cet article, dédié au procÚs des harceleurs en ligne de Thomas Jolly aprÚs la cérémonie d'ouverture des JO. - Il existe aussi des guides trÚs complets pour emmerder Zuckerberg et faire perdre beaucoup de valeur aux données récupérées par les applications de Meta. C'est John Olivier qui vous raconte tout ça avec sa verve habituelle.
Mais que fais-je, je vous partage un média US sur une plateforme US ? Bon, il y a encore du boulot. - En parallÚle, n'hésitez pas à boycotter l'IA générative, qu'elle soit américaine ou française. AprÚs qu'une étude ait montré que l'usage de ChatGPT vous rend plus débile, voici le tour d'une seconde étude qui démontre que son usage vous rend aussi⊠dépendant.
Est-ce vraiment la peine de vous infliger tout ça, pour en plus des résultats toujours aussi médiocres ?
Et on n'a pas encore parler de son impact environnemental⊠ça tombe bien, c'est le sujet de notre grand format du mois, avec un invitĂ© spĂ©cial đ

Will Alpine : âl'IA est utilisĂ©e pour nous maintenir dĂ©pendants des combustibles fossiles, bien plus que pour nous en dĂ©barrasser."

Si l'intelligence artificielle est sur toutes les bouches, il n'en va pas vraiment de mĂȘme pour son impact environnemental. Le sujet est certes Ă©voquĂ© assez largement par les mĂ©dias et activistes Ă©colos.
Les figures techno-critique font le boulot aussi â j'essaye d'apporter humblement ma pierre Ă l'Ă©difice en Ă©voquant rĂ©guliĂšrement le sujet dans TFTT.
Mais globalement, on sait assez peu l'impact en terme d'Ă©nergie et de consommation d'eau du dĂ©veloppement de l'IA, notamment gĂ©nĂ©rative, dĂ©sormais poussĂ©e partout par les entreprises de la tech, mĂȘme quand cela ne sert Ă rien, mĂȘme quand le service est de piĂštre qualitĂ©. Et cela mĂȘme si les preuves trĂšs concrĂštes ne manquent pas.
Quand je suis tombĂ©, un peu par hasard en jetant un Ćil Ă mon feed LinkedIn (une propriĂ©tĂ© de Microsoft), sur une courte mais trĂšs efficace intervention de Will Alpine, j'ai Ă©tĂ© marquĂ© Ă plusieurs Ă©gards :
- Primo : ce n'est pas souvent qu'un ancien employé des GAFAM évoque publiquement sa démission, surtout pour raison écologique
- Secundo : ce n'est pas souvent non plus qu'un ancien employé des Big Tech admet que, s'il pensait pouvoir "changer les choses de l'intérieur" comme on l'entend souvent⊠et bien il s'est trompé, tout simplement
- Tertio : on ne parle pas de n'importe quel GAFAM, mais de Microsoft, dont je suis également un ancien employé, ce qui a fait résonner pas mal de choses à un niveau personnel
- Quarto : on ne parle pas de n'importe quel ancien employé, mais d'un ancien membre de l'équipe "IA Responsable" de Microsoft, participant à l'élaboration de services bien identifiés comme ChatGPT, avant d'y diriger l'initiative "IA Verte"
Ajoutons à cela que Will évoque également des impacts négatifs du développement de l'IA que je ne connaissais que trop peu, comme son lien direct avec la survie des industries pétroliÚres⊠c'était évident : il fallait que je parle à Will !
Avec tous ces Ă©lĂ©ments en tĂȘte, j'ai donc pris mes 10 doigts pour le contacter et lui proposer d'Ă©changer de vive voix autour de son expĂ©rience, des raisons de son dĂ©part de chez Microsoft, et de ses engagements pour enfin mettre en place des protections contre le dĂ©veloppement incontrĂŽlĂ© de l'IA, notamment d'un point de vue environnemental.
Ni une, ni deux, me voilà à vous proposer pour ce numéro 14 de TFTT la premiÚre interview jamais réalisée dans cette newsletter⊠et sans doute pas la derniÚre. Bonne lecture !
PS : l'interview a également été publiée dans son anglais original sur mon profil Medium.
Merci beaucoup Ă toi Will, de rĂ©pondre Ă mes questions aujourdâhui, et plus gĂ©nĂ©ralement pour ton engagement en faveur d'une vision plus responsable de l'IA.
Commençons par le commencement : peux-tu mâen dire un peu plus sur qui tu es, et ce que tu faisais il n'y a pas si longtemps chez Microsoft ?
Will Alpine : jâĂ©tais Product Manager au sein de l'Ă©quipe chargĂ©e de la plateforme IA de Microsoft, et dans ce cadre j'ai mis au point les outils et la technologie qui alimentent toutes les offres de cette plateforme. Cela inclut ChatGPT et OpenAI, ainsi que tout ce qui concerne le machine learning. J'ai passĂ© quatre ans chez Microsoft et j'ai occupĂ© des postes variĂ©s, mais au terme de tout ça, jâai rejoint la "Responsible AI team", l'Ă©quipe chargĂ©e de "l'IA responsable" chez Microsoft.
J'ai Ă©tendu le cadre Ă©thique de cette "Responsible AI" pour inclure Ă©galement la planĂšte, du moins dans la mission que je m'Ă©tais fixĂ©e personnellement, pour essayer de faire en sorte que la technologie serve non seulement les gens, mais aussi la planĂšte elle-mĂȘme. Au dĂ©part, je me suis concentrĂ© sur la rĂ©duction de l'impact environnemental du dĂ©veloppement de l'IA, et j'ai contribuĂ© Ă la crĂ©ation du domaine dit du "Green Software Engineering". J'ai dirigĂ© lâinitiative "GreenAI" chez Microsoft, et publiĂ© des outils open-source pour aider les dĂ©veloppeurs de logiciels Ă diriger la consommation de leurs crĂ©ations vers de l'Ă©nergie dĂ©carbonĂ©e.
Mais je voulais aussi et surtout m'assurer que nous disposions de garde-fous contre l'utilisation de lâIA Ă des fins nĂ©gatives. J'ai cofondĂ© et menĂ© une campagne en interne pendant trois ans, pour veiller Ă ce que les activitĂ©s de Microsoft en matiĂšre d'IA soient cohĂ©rentes avec son soutien affichĂ© Ă la science du climat.
Nous avons fait tout ce que nous pouvions de l'intérieur, mais en fin de compte, les promesses qui nous avaient été faites n'ont pas été tenues.
à quel moment as-tu compris qu'agir de l'intérieur, chez Microsoft, ne suffirait pas ? Qu'est-ce qui a déclenché ta décision de démissionner ?
WA : Lorsque j'ai constatĂ© pour la premiĂšre fois le potentiel de l'IA, j'Ă©tais profondĂ©ment optimiste. Mais ce que jâai rapidement compris, câest que l'utilisation de l'IA par les industries des Ă©nergies fossiles Ă©clipserait tous les cas d'utilisation positifs. Nous avons fait le calcul, et sommes vite arrivĂ©s Ă la conclusion que toutes les actions positives que nous pourrions mettre en place serait trĂšs largement Ă©clipsĂ©es par ces externalitĂ©s nĂ©gatives.
Je ne dirais pas qu'il y a eu un moment prĂ©cis qui a dĂ©clenchĂ© cette rĂ©alisation, mais plutĂŽt une sĂ©rie de prises de conscience Ă©talĂ©es sur plusieurs annĂ©es. Comme je l'ai dit, nous avons utilisĂ© tous les canaux internes possibles, notamment en rencontrant l'Ă©quipe dirigeante [la "leadership team" de Microsoft, composĂ©e de lâĂ©quipe resserrĂ©e autour de Satya Nadella, NDLA], en lui formulant des recommandations trĂšs constructives et en ralliant des milliers d'employĂ©s derriĂšre nous, pour demander Ă Microsoft de prendre des mesures suffisantes.
Je dirai que c'est avec lâavĂšnement de lâIA gĂ©nĂ©rative que nous avons commencĂ© Ă ĂȘtre trĂšs prĂ©occupĂ©.e.s, avec cette nouvelle ruĂ©e vers l'or. Ou peut-ĂȘtre cette ruĂ©e vers le pĂ©trole : nous avons commencĂ© Ă assister Ă des communications en interne saluant le fait que les applications de l'IA Ă©taient des "game changer" pour l'avenir de lâexploration et de la production de pĂ©trole et de gaz. C'est en rĂ©alisant l'importance de l'IA pour la survie de l'industrie pĂ©troliĂšre et gaziĂšre que j'ai compris qu'il fallait prendre des mesures plus radicales.
Maintenant, tu agis de l'extérieur ! Qu'as-tu accompli depuis ce changement radical ?
WA : j'ai cofondĂ© la campagne "Enabled Emissions", qui vise Ă aligner technologie et science du climat. Nous nous efforçons de dĂ©fendre les rĂ©glementations, d'Ă©duquer le public et de crĂ©er des coalitions pour demander des comptes sur l'utilisation des innovations technologiques, car elles ont un impact extrĂȘmement important dont on ne parle que trop peu aujourd'hui.
Notre résolution d'actionnaires demandant à Microsoft de rendre compte des risques liés à sa collaboration avec l'industrie des combustibles fossiles a recueilli 10 % des voix, ce qui représente 220 milliards de dollars en valeur actionnariale.
Tu as dĂ©jĂ mentionnĂ© l'industrie pĂ©troliĂšre et gaziĂšre Ă plusieurs reprises. Câest un client clĂ© pour les Big Tech, et spĂ©cifiquement Microsoft. Peux-tu nous en dire plus sur lâimportance quâa lâIA pour ces industries fossiles ?
WA : j'ai passé plusieurs années à me concentrer sur la réduction des impacts directs de l'IA, les coûts énergétiques et l'impact carbone liés à son fonctionnement, à son développement. Une fois les calculs faits, nous nous sommes rendu compte que, si les impacts directs de l'IA sont importants, ils ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Les impacts indirects, l'impact de l'utilisation de la technologie, étaient bien plus importants encore.
Dans ce contexte, il est essentiel de garder à l'esprit que l'un des principaux cas d'utilisation de l'IA consiste à trouver et à extraire davantage de pétrole (jusqu'à 15 % de ces usages), à rendre l'extraction des combustibles fossiles plus efficace, ce qui permet de réduire le coût du pétrole et du gaz jusqu'à 10 %. Et comme nous le savons avec le paradoxe de Jevons, une extraction plus efficace du pétrole fait baisser les coûts, ce qui réduit les arguments économiques en faveur de la décarbonation.
De mon point de vue, l'IA est utilisĂ©e pour nous maintenir dĂ©pendants des combustibles fossiles bien plus que pour nous en dĂ©barrasser. Cela sape le bon travail de tous ceux qui Ćuvrent en faveur de la durabilitĂ©. Mais il y a de l'espoir ! En 2024, prĂšs de 90 % des nouvelles sources dâĂ©nergie au niveau mondiale Ă©taient renouvelables.
L'une des raisons de cette situation est que beaucoup d'entreprises revendiquent un impact "net zéro", mais ne tiennent pas compte des combustibles fossiles dans l'équation. à la suite de la campagne que nous avions mené auprÚs des employé.e.s de l'entreprise, Microsoft a publié ses "Energy Principles" qui définissent les lignes directrices de son engagement environnemental dans le cadre spécifique de ses travaux avec l'industrie des combustibles fossiles. Bien qu'ils paraissent satisfaisants à premiÚre vue, ces engagements contiennent des lacunes importantes : Microsoft est ainsi censé ne travailler qu'avec des entreprises énergétiques qui ont des objectifs "net zéro". Mais si les compagnies pétroliÚres et gaziÚres ne comptabilisent pas la combustion des dits combustibles fossiles, 85 % de leurs émissions réelles ne sont pas comptabilisées...

Dans ton intervention Ă Ignite Seattle, tu Ă©voques lâimportance des "guardrails", des garde-fous. Selon toi, quels garde-fous pourrions-nous mettre en place pour Ă©viter que l'IA et ses diffĂ©rentes utilisations ne nuisent Ă la planĂšte et aux humains autant qu'elles le font aujourd'hui ?
WA : soyons clairs, l'essor actuel de l'IA n'est pas soutenable dâun point de vue environnemental. Il n'y a tout simplement pas de trajectoire durable, parce qu'il n'existe aujourd'hui aucune politique qui garantisse des rĂ©sultats positifs pour les humains ou la planĂšte.
Les garde-fous quâil nous faudrait peuvent ĂȘtre envisagĂ©s Ă diffĂ©rents niveaux. Cela peut ĂȘtre au niveau de l'entreprise, au niveau national ou au niveau international. Je vais vous donner un exemple de garde-fou trĂšs facile Ă mettre en Ćuvre au niveau de l'entreprise, et je dis cela en tant qu'ex-membre de l'Ă©quipe "Responsible AI" chez Microsoft : imaginez que vous intĂ©griez l'environnement dans votre pratique de d'IA responsable. Si vous Ă©valuez les projets en fonction de leur impact, de la mĂȘme maniĂšre que vous le feriez avec des personnes, vous pourriez simplement dire : quel est l'impact carbone estimĂ© de ce projet ? Est-ce que cela aide ou nuit Ă la planĂšte ? Comment pouvons-nous examiner les nouveaux contrats et Ă©valuer leur conformitĂ© avec ces principes ? Nos engagements envers nos clients favorisent-ils des rĂ©sultats positifs pour la planĂšte ? Comment pouvons-nous utiliser la science du climat pour Ă©laborer des principes d'intelligence artificielle respectueux de l'environnement ?
En termes de politique nationale ou internationale, si nous en avions la volontĂ© politique, je verrais bien plusieurs agences diffĂ©rentes créées au sein, disons, du gouvernement fĂ©dĂ©ral des Ătats-Unis, comme le ministĂšre de l'Ă©nergie, la FERC ou l'EPA. Des agences qui pourraient examiner les contrats et appliquer des normes pour certains des travaux en cours.
Jâinsiste sur lâimportance des normes. Pour en revenir Ă ce que je disais Ă propos des dĂ©clarations "net zero" qui ne tiennent pas compte des combustibles fossiles eux-mĂȘmes : nous devons combler ces lacunes et Ă©laborer des normes solides qui dĂ©finissent des objectifs clairs et ambitieux. Il y en a quelques-unes mais... Je pense que pour rĂ©aliser des progrĂšs significatifs en matiĂšre de climat, il faut un gouvernement fĂ©dĂ©ral qui reconnaisse l'existence du changement climatique et qui prenne des mesures pour rĂ©duire l'impact que celui-ci ne manquera pas d'avoir sur ses citoyens. Mais avant dâen arriver lĂ , il va nous falloir des millions de citoyens prĂȘts Ă prendre des risques personnels et Ă exiger un changement.
Ă court terme, je ne suis pas optimiste, câest Ă©vident. Je ne crois pas Ă une victoire politique. Il faudrait un changement significatif dans l'Ă©quilibre des pouvoirs. Nous avons non seulement des compagnies pĂ©troliĂšres et gaziĂšres, mais aussi des entreprises technologiques qui ont, Ă bien des Ă©gards, achetĂ© le gouvernement. Ce sont les deux acteurs les plus puissants du monde, et ils ne vont pas cĂ©der leur pouvoir facilement. Il faudra un mouvement profond...
Pour citer Bernie Sanders : "le vrai changement ne se fait jamais du haut vers le bas. Il part toujours de la base. Il se produit lorsque des gens ordinaires, par millions, sont prĂȘts Ă se lever et Ă se battre pour la justice."
Le contexte actuel aux Ătats-Unis est en effet pour le moins compliquĂ©, compte tenu de ce que tu viens de dire. Penses-tu que le changement peut venir d'Europe ?
WA : il y a un peu d'espoir en Europe. Mais je dois dire que si la directive CSRD était l'un de nos plus grands espoirs... certaines de ces meilleures composantes, telles que les exigences de divulgation des revenus sur les contrats pétroliers et gaziers, ont été supprimées.
En outre, la loi européenne sur l'IA (AI Act) semblait prometteuse au début, mais elle omet de classer les applications d'IA ayant un impact environnemental significatif dans la catégorie des systÚmes d'IA à haut risque. Elle n'est plus aussi efficace que nous l'espérions.
NĂ©anmoins, je pense qu'il y a un Ă©norme potentiel en Europe, et je peux le voir se rĂ©aliser ; nous avons besoin que les EuropĂ©ens exigent une lĂ©gislation qui va au-delĂ des impacts opĂ©rationnels directs de l'IA et qui inclut les utilisations de la technologie elle-mĂȘme, des utilisations qui ont un impact encore plus important.
L'IA, notamment gĂ©nĂ©rative, est mise en avant partout, jusquâĂ lâabsurde. Penses-tu que l'engouement pour l'IA est exagĂ©rĂ©, et qu'une "bulle" risque d'Ă©clater Ă un moment ou Ă un autre ?
WA : il ne fait aucun doute qu'il y a de la hype. Mais il convient de noter que l'IA, ce n'est pas de la magie. Il s'agit simplement de prĂ©dictions sur des quantitĂ©s stupĂ©fiantes de donnĂ©es, de dĂ©duire des relations et dâen tirer des prĂ©dictions. Il y a donc de la place pour des amĂ©liorations quant Ă la façon dont cette technologie est appliquĂ©e, et beaucoup d'innovation peut en rĂ©sulter.
Mais d'aprĂšs ce que jâai pu constater, il n'y a pas eu de percĂ©e technique qui a transformĂ© cette technologie en "magie". Pour autant que je sache, la magie n'existe pas [rires]. Je pense donc que ces entreprises technologiques ont engagĂ© des dĂ©penses d'investissement considĂ©rables dans des infrastructures, ce qui entraĂźne des coĂ»ts immĂ©diats. Ă court terme, nous pourrions bientĂŽt ĂȘtre confrontĂ©s Ă quelques ajustements sur le marchĂ©. Mais lâIA est bien lĂ , et pour longtemps.
Je pense que les innovations en matiĂšre d'IA peuvent Ă la fois faire progresser et compromettre les objectifs climatiques, en fonction de comment elles seront utilisĂ©es. Mais on nous fait croire que l'IA pourrait "rĂ©soudre" le problĂšme du changement climatique, alors que nous disposons dĂ©jĂ de la technologie nĂ©cessaire pour rĂ©soudre ce problĂšme. Un rĂ©cent rapport d'Accenture indique que l'IA pourrait ĂȘtre exploitĂ©e pour rĂ©duire les Ă©missions mondiales de gaz Ă effet de serre de 1,5 Ă 4 %... mais cela demeure de la pure spĂ©culation sans rĂ©glementation claire. Et le rapport ne parle lĂ que des externalitĂ©s positives.
Ce qui nâa rien de spĂ©culatif, en revanche, c'est le lien profond qui existe entre "Big Tech" et "Big Oil". Pour moi, il est clair que l'un des principaux cas d'utilisation de l'IA, ce n'est pas la lutte contre le changement climatique, câest bien la recherche et l'extraction de pĂ©trole.
L'article de The Atlantic intitulĂ© "Microsoft's Hypocrisy on AI" illustre clairement comment l'IA gĂ©nĂ©rative est utilisĂ©e comme un outil commercial pour attirer les grandes sociĂ©tĂ©s pĂ©troliĂšres comme jamais auparavant. Cela nâa rien de spĂ©culatif, câest un phĂ©nomĂšne qui cause des dommages dans le monde rĂ©el, et qui se produit depuis au moins une dĂ©cennie Ă une Ă©chelle extrĂȘmement sophistiquĂ©e.
Comment s'est passé ton départ de Microsoft sur le plan personnel, notamment vis à vis de tes engagements trÚs forts ?
WA : la dĂ©cision de quitter une entreprise que j'aimais, avec des milliers de collĂšgues qui travaillaient trĂšs dur pour rendre le monde meilleur, a Ă©tĂ© trĂšs difficile Ă prendre. Microsoft est formidable Ă bien des Ă©gards, mais lâentreprise semble incapable de changer volontairement de comportement.
Je pense que ma décision de monter sur scÚne récemment à Ignite Seattle [pour cette intervention, NDLA] est venue du simple fait que j'ai regardé l'état du monde actuel et que j'ai réalisé que nous devions nous lever pour dire les choses trÚs clairement aux forces en place. Si nous restons silencieux, en tant que citoyens, nous nous rendons complices d'un mauvais systÚme.
Seattle est un endroit idéal pour vivre et s'exprimer. C'est une super communauté. La public à Ignite Seattle a été vraiment formidable.
Et beaucoup de gens ressentent la mĂȘme chose que moi au sein de Microsoft, tu sais ? Il y a cette distance cognitive entre le dĂ©sir sincĂšre de faire le bien dans le monde, et la prise de conscience que tout le bon travail que nous avons essayĂ© de faire est en train d'ĂȘtre balayĂ©. Câest donc difficile de rĂ©pondre Ă cette question.
Je pense que Microsoft a toujours Ă©tĂ© plus avisĂ©e que d'autres entreprises de la tech. On y trouve une culture d'entreprise vraiment gĂ©niale. Elle a annoncĂ© des engagements ambitieux en matiĂšre de dĂ©veloppement durable en 2020, et les employĂ©s y ont Ă©tĂ© optimistes pendant de nombreuses annĂ©es. Mais dans le mĂȘme temps, Microsoft s'est discrĂštement emparĂ© du marchĂ© tech appliquĂ© Ă l'industrie des combustibles fossiles.
Rétrospectivement, il n'y a rien d'étonnant à ce que les engagements en matiÚre de développement durable soient abandonnés pour garantir la pure recherche du profit. Mais pendant quatre ans, nous avons vraiment eu l'impression que le changement était en marche et que nous étions au bon endroit pour l'opérer.
En fin de compte, je sais maintenant que l'on peut avoir un engagement du haut vers le bas, et que l'on peut avoir beaucoup d'efforts rĂ©alisĂ©s de la part des employĂ©s du bas vers le haut. Mais tant que la direction n'aura pas fait le lien et n'aura pas concrĂ©tisĂ© son engagement avec le management intermĂ©diaire de lâentreprise, en incluant des indicateurs de dĂ©veloppement durable dans chaque secteur d'activitĂ©, l'engagement ne pourra pas se concrĂ©tiser.
Aujourd'hui, nous constatons bien que ces engagements ne sont pas respectés, du fait de la croissance incessante de l'IA.
Au cours de ta carriÚre, tu as également rejoint la "Green Software Foundation". Tu peux nous en dire plus sur cette organisation ?
WA : bien sûr. La Green Software Foundation est un consortium regroupant de nombreuses entreprises, dont la mission est de décarboner le développement logiciel. Elle crée un écosystÚme de personnes, de normes, d'outils et de meilleures pratiques pour développer des "logiciels verts".
Au cours de ma premiĂšre semaine chez Microsoft, j'ai rejoint un hackathon qui Ă©tait composĂ© de membres de l'Ă©quipe fondatrice de la Green Software Foundation. Nous avons travaillĂ© sur un projet visant Ă garantir que la puissance de calcul pouvait tirer parti de l'Ă©nergie propre. Ce projet est devenu, au fil des annĂ©es, ce que l'on appelle le "Carbon Aware computing". Nous avons publiĂ© le SDK CarbonAware par l'intermĂ©diaire de la Green Software Foundation, en format open-source, afin de nous assurer que ce que nous avons appris puisse ĂȘtre adoptĂ© Ă grande Ă©chelle.
Globalement, l'ingénierie logicielle "verte" est une solution technique visant à réduire l'empreinte carbone de l'intelligence artificielle. Il existe différentes options pour atteindre cet objectif : vous pouvez utiliser moins d'électricité, vous pouvez consommer physiquement de l'énergie propre, ou vous pouvez utiliser moins de ressources de calcul, moins de ressources physiques. Ces meilleures pratiques existent, et je suis heureux de voir une attention grandissante portée à la réduction de l'empreinte carbone de l'IA. J'ai passé des années à crier sur tous les toits que la consommation d'énergie de l'IA allait poser un sérieux problÚme, mais je n'éprouve aucune satisfaction à voir ce problÚme se concrétiser.
Mais il faut mettre les choses en perspective : l'empreinte carbone des opĂ©rations d'IA a Ă©tĂ© estimĂ©e Ă 0,01 % des Ă©missions mondiales de gaz Ă effet de serre. Cette analyse semble incomplĂšte, car elle omet des facteurs tels que l'impact sur la chaĂźne d'approvisionnement ou la croissance prĂ©vue⊠mais mĂȘme si elle est dix fois plus importante, il s'agit toujours d'une fraction de pour cent. Ătant donnĂ© que les combustibles fossiles sont responsables de prĂšs de 90 % des Ă©missions mondiales de CO2 et que l'IA permet Ă cette industrie d'augmenter le rendement de 15 %, de rĂ©duire les coĂ»ts de 10 % et d'accroĂźtre les rĂ©serves exploitables de 5 %, l'impact le plus important est de loin la maniĂšre dont cette technologie est utilisĂ©e.
La communauté technologique semble pourtant réticente à en parler. Nous avons désespérément besoin d'élargir la discussion au-delà des impacts directs de la technologie, pour commencer à parler de la façon dont l'IA est utilisée pour nuire.
On a souvent entendu dire que DeepSeek était une bonne nouvelle pour le climat, car la solution utiliserait moins d'énergie pour obtenir des résultats similaires. Tu en penses quoi ?
WA : je ne pense pas que les progrÚs en matiÚre d'efficacité énergétique changeront quoi que ce soit à notre trajectoire mondiale. L'efficacité sans réglementation conduit à une hausse de la demande et de la consommation, et non pas à leur baisse. Je ne pense pas que l'efficacité seule aura un impact sur la trajectoire.
Les choses dont nous avons vraiment besoin pour faire la diffĂ©rence, ce sont des rĂ©glementations et des mesures dâincitations Ă©conomiques. De la rĂ©glementation, + des incitations commerciales, + une plus grande efficacitĂ©, et lĂ lâĂ©quation serait parfaite.
Il ne faut pas oublier non plus qu'il existe deux types d'IA [du point de vue de la consommation d'Ă©nergie, NDLA]. Il y a le machine learning traditionnel, qui bĂ©nĂ©ficie de besoins Ă©nergĂ©tiques trĂšs faibles, et dâune grande prĂ©cision. Et puis il y a, disons, l'IA gĂ©nĂ©rative ou "agentique", qui consomme beaucoup d'Ă©nergie... et dont la prĂ©cision est actuellement bien faible en comparaison.
On nous fait donc croire que nous avons besoin d'une IA gourmande en énergie pour résoudre le problÚme du changement climatique. C'est trompeur, car une grande partie des meilleures avancées de l'IA proviennent du machine learning, de types d'IA trÚs ordinaires qui existaient déjà auparavant et qui ne consomment pas beaucoup d'énergie.
Un grand merci Ă Will pour sa disponibilitĂ© et cet Ă©change trĂšs intĂ©ressant pour moi, comme pour vous je lâespĂšre, chers lectrices et lecteurs.
Pour conclure, je vous renvoie Ă©galement sur cet article que Will mâa partagĂ©, autour de la nĂ©cessaire prise de position des employĂ©.e.s des Big Tech face Ă lâagenda anti-climat et anti-science de ces entreprises.


Ce mois-ci, je vais faire court, et je ne vais pas vous recommander une Ćuvre Ă part entiĂšre...
Je vais vous rappeler qu'il existe un truc génial dans la plupart des villes, quelque soit leur taille : les bibliothÚques !
Ăa vous semble ridicule ? Ăcoutez, vous avez sans doute raison, mais pour ma part, je ne m'Ă©tais jamais rĂ©inscrit Ă une bibliothĂšque depuis ma tendre jeunesse, Ă la mĂ©diathĂšque du Puits du Chat, Ă Blain, dans la campagne du 44.
J'avais tout bonnement oublié que c'était une option intéressante pour récupérer des documents en quantité, sur la durée, sur un sujet particulier, ou juste pour le plaisir. Le systÚme est en plus d'une grande simplicité et totalement gratuit.
LĂ , par exemple, j'ai rĂ©cupĂ©rĂ© Ă la BibliothĂšque François Villon (dont la devise devrait bien sĂ»r ĂȘtre : "rends les livres, François !") des BD italiennes, de Hugo Pratt Ă Zerocalcare đ€đ€đ€
Au vu du contexte, me remettre au collectif pour ce qui est de l'accĂšs Ă la culture me paraĂźt trĂšs pertinent. Je me dis que cette "reco" pourra permettre Ă d'autres de l'envisager.

VoilĂ , c'est tout pour ce mois de mars, et câest dĂ©jĂ pas mal !
On se retrouve en avril pour un 15Úme numéro de Tales From The Tech.
D'ici là , n'hésitez pas à partager le format autour de vous, cela me ferait trÚs plaisir. Et à me faire part de vos retours. Vous pouvez le faire en commentant l'article sur tftt.ghost.io, ou directement via mes différents réseaux.
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Merci Ă toutes et tous,
Thomas â
PS : Tales from the Tech est garanti sans IA, pas sans faute.
PS2 : une super console de jeu
PS3 : Deepl a Ă©tĂ© utilisĂ© pour accĂ©lĂ©rer le processus de traduction de lâanglais vers le français, puis le texte a Ă©tĂ© corrigĂ© et amendĂ© par mes soins