TFTT #10 – La tech US a choisi Trump ? À nous, Européens, de proposer une autre voie 🇪🇺
En préambule à ce nouveau numéro de Tales from the Tech, qui va (encore) beaucoup parler politique, je tenais à vous faire part de quelques actualités !
J'ai eu le plaisir de participer récemment à la préparation d'un épisode du podcast Green IO (en 🇬🇧). Un épisode dédié à un sujet qui me tient à cœur : l'impact environnemental du jeu vidéo ; ou comment "verdir" cette "industrie créative" qui se sent souvent bien peu concernée par les enjeux écolos, si l'on met de côté quelques jeux indés (et Final Fantasy VII, les vrais savent). On y découvre notamment la toute jeune "Sustainable Gaming Alliance". Les choses bougent. Lentement, mais elles bougent.
En parlant de choses qui bougent, ceux et celles qui sont abonné.e.s à la newsletter depuis longtemps le savent, j'ai eu le plaisir de vous écrire ces 10 premiers numéros de TFTT depuis la magnifique île de Sicile 🇮🇹 Ce ne sera bientôt plus le cas, puisque nous rentrons dès décembre à Paris après cette parenthèse ensoleillée. Alors si certains d'entre vous veulent discuter technocritique de vive voix autour d’un café ou d'une bière, vous saurez (bientôt) où me trouver.
Cette année sicilienne et ses "limitations techniques" m'ont d'ailleurs inspiré une réflexion sur la notion de bande passante (ici sur Bluesky ou sur Linkedin), n'hésitez pas à y jeter un œil.
À propos de la nouvelle plateforme "à la mode", Bluesky, n'hésitez pas non plus à m'y suivre. J'ai d'ailleurs eu le plaisir d'être intégré à un "starter pack" de comptes technocritiques présents sur la plateforme, merci à Louis Derrac pour l'ajout ! Parce que Bluesky, comme vous pouvez vous en douter si vous avez suivi l'actu tech ces derniers jours, on va en reparler dans ce 10ème numéro de TFTT 🦋👀
Un numéro 10 un peu différent des mois précédents, l’été mis à part. Pas d'Édito cette fois, mais un Grand Format accompagné de quelques brèves toujours aussi délectables (et énervantes pour la plupart) ! Lessgooo 🚀
- Nous avons déjà parlé ici de la crise que traverse l'industrie du jeu vidéo. Mais si vous voulez rester au parfum, je vous conseille l'excellent docu "Game Over ?" de Konbini, probablement le meilleur résumé (en français) de la situation. Il couvre les faits dans leur intégralité, donne la parole à une grande variété d'acteurs, et rien ne passe à l'as. C'est par ici sur Youtube 🎥
- Après avoir parlé de la crise de l'industrie vidéoludique, il me semble pertinent de rappeler que Satya Nadella s’est récemment offert une augmentation de 30 millions de $. Sans doute en remerciement pour les près de 3000 licenciements réalisés ces deux dernières années, rien que dans la branche gaming. Chapeau l'artiste ✌
- Énorme surprise : la dernière start-up d'Adam Neumman, l'arnaq… l'entrepreneur à l'origine de WeWork, s’est plantée. Quel dommage, ce concept de crédits carbone en mode crypto avait tout pour plaire 🌱
- Une radio polonaise a tenté de remplacer ses journalistes par des avatars IA. Sans surprise, ça ne s’est pas bien passé, comme le raconte cet article du Monde 🤖
- Arte aussi s'est mise à l'IA générative, et la chaîne franco-allemande n'aime pas trop qu'on la critique sur ce point 🤖🤖
- IA toujours : Coca Cola vient de sortir sa publicité de noël annuelle, et les fans de cette tradition (puisqu'il y en a, visiblement) ont été attristé de découvrir qu'il ne s'agissait que d'une création par IA. Au-delà de l'inefficacité du processus, il est amusant de constater que les pubs de noël Coca était déjà de tels ramassis de poncifs rouge et blanc, que IA ou pas, on ne voit pas trop la différence 🤖🤖🤖
La tech US est, au moins en partie, responsable de la réélection de Donald Trump. Nous, européens, devons en tirer les conséquences.
En guise d'introduction, une (ma) courte histoire franco-américaine
J'ai, depuis longtemps, une relation amour-haine assez intense et complexe avec ce qui vient des États-Unis. Cela a pourtant commencé comme beaucoup d'ados ayant grandi dans les années 90 : avec une grande passion pour les films d'action et d'aventure américains.
Je suis quand même né l'année où le cultissime Die Hard premier du nom, "Piège de Cristal" en bon français, est sorti au ciné. Bruce Willis était mon héros. Et aviez-vous joué à l'incroyable Die Hard Trilogy et sa manette-pistolet en vieux plastoc' ? Incroyable. Les films de Spielberg et son Amérique des petits bleds étaient et sont encore mes doudous favoris. J'ai depuis cette époque un indubitable kink pour les bagnoles de flics US des 90's, et leurs incroyables enjoliveurs en métal concave.
Ma vision de "l'Amérique" a longtemps été dépolitisée, parce que les œuvres les plus mainstream envoyées chez nous par l'Oncle Sam l'étaient très nettement. Les parangons du conservatisme qui passent leur temps à gueuler "no politics in my [insert domain here]" devaient être aux anges.
Ce n'est que plus tard, adulte, que j'ai découvert les œuvres plus matures de Kubrick, Coppola ou Stephen King. Des œuvres qui, si elles n'étaient pas toutes ouvertement politisées, racontaient des États-Unis plus complexes et contrastés.
Je ne saurais dire quand ma première vision critique de la mainmise États-unienne sur notre culture (et encore en France a-t-on un focus particulier sur la culture Japonaise pour contre-balancer un peu) s'est faite jour. Mais elle s'est vraiment déclarée de manière évidente après mon premier séjour dans ce pays.
En 2011, proche de la fin de mes études, j'ai eu la chance de faire un stage à l'étranger. Il se trouve qu'un ancien de mon école bossait chez Atout France. Nous avons donc été plusieurs élèves à y postuler, dans divers bureaux de l'agence de par le monde. Quelle destination ai-je évidemment choisie ? Le bureau US, basé à New York, sans l'ombre d'une hésitation. Fascination.
Quand on m'a appelé pour recaler ma candidature, j'ai eu une belle surprise : on m'a proposé d'aller faire mon stage dans le bureau annexe, basé à Los Angeles ! À Beverly Hills, même ! Je n'avais alors jamais pris de vol long-courrier, mon anglais était correct sans plus, et financièrement ça allait être serré, mais que de fantasmes à assouvir, que de noms de rues ronflants à aller arpenter ! Les Lakers, le salon de l'E3, les lettres d'Hollywood !
Je ne vais pas cracher dans la soupe : l'expérience était incroyable, et mon niveau d'anglais la remercie encore. J'ai grandi plus vite là-bas en 6 mois que les 5 années précédentes. Mais j'y ai vu des choses qui ont bousculé pas mal de mes certitudes. Moi qui venais d'un petit bled de la campagne nantaise et qui n'avait jamais vécu en dehors de la Loire Atlantique, j'avais découvert en quelques mois un paquet de choses insoupçonnées.
Le prix du logement, où je payais 700$ pour une chambre partagée. Les 2 fois 5 voies en plein cœur de la ville, saignant les quartiers comme des fleuves gris. Mes trajets de bus entre mon immeuble près de UCLA et le bureau de Beverly Hills, où j'étais presque toujours le seul blanc. La pauvreté terrible des SDF de Downtown et les ravages de la drogue sur les corps, bien avant le Fentanyl. Les traversées de Compton en métro pour aller à Long Beach, et cette tension dans le regard de tout le monde. Les employé.e.s, toutes et tous hispaniques, qui gardaient les quartiers riches propres jusqu'à l'aseptisation. Les discussions avec les quelques GIs de retour d'Irak que j'avais pu croiser dans des soirées.
Jamais avant mon statut de blanc privilégié ne m'avait autant sauté à la gueule, alors même que je n'avais pas de quoi fanfaronner en poche et que je n'avais même pas de bagnole, comble dans cette ville où tout est construit autour de cet objet clé. Nobody walks in LA, et c'était évidemment, déjà, à cause du capitalisme.
J'avais déjà visité des pays plus pauvres que la France, et j'avais eu conscience des inégalités d'un pays à l'autre. Mais au sein du pays le plus riche d'entre tous ? Le vernis craquait.
C'est cette double vision, à la fois fascinée et ulcérée, qui reste encore aujourd'hui ma grille de lecture des États-Unis. Il y 1 an et demi encore, j'y ai fait mon dernier lointain voyage avant longtemps. Un voyage au cœur du Midwest prévu de longue date avec mon biker de père, le long de la Route 66. Et cela m'a encore sauté à la tronche. Cette ambivalence entre majesté des grands espaces et sensation de liberté d'un côté, et vision criarde d'obscurantisme à force de billboards et de démesure (des voitures, des oléoducs, des exploitations de bétail) de l'autre.
N'en déplaise à Trump et Reagan, "l'Amérique" n'a jamais été "Great". Elle a toujours été un pays certes surpuissant économiquement et militairement, mais inégal jusqu'à l'absurde et d'une violence inouïe. La tech comme on la connaît, pleine de biais racistes et sexistes (que l'IA va contribuer à perpétuer), est un enfant de cette histoire.
Ma vision critique de la tech a donc rejoint, au fil des années, ma vision critique des États-Unis. En ce sens qu'elles se rejoignent aujourd'hui dans ce qui apparaît comme la forme finale du néolibéralisme, dérégulant et détruisant tout, pour enrichir un 1% surpuissant aux dépends des autres, avec force manipulations numériques au passage.
Quel meilleur symbole en effet de ces dérives que les pontes de la tech, nos omnipotents maîtres non-élus, dictant les algorithmes qui décident de nos vies, dans les moins détails. De ces hommes les plus riches de l'histoire de l'humanité, tous américains de naissance ou d'adoption, de Musk à Zuck, de Bezos à Gates, jusqu'aux moins connus mais tout aussi dangereux Peter Thiel, Larry Ellison ou Larry Page.
Exclusivement des hommes blancs, à l'image de conquérant construite dans le cadre d'une mythologie de self-made man complètement falsifiée. Des fous dangereux à la maturité discutable et à la grille de lecture complètement défoncée.
Pour revenir aux politiques eux-mêmes : Donald Trump est-il plus dangereux que Reagan ou Nixon ? Honnêtement, je n'en suis pas si sûr, quand on se penche dans le détail sur le pedigree des trois hommes durs du parti Républicain.
Mais il y a selon moi une différence notable entre le fascisme aux dents blanche de Reagan – parce que c'était ça, déjà, sous une forme plus bankable certes, comme le rappelle Régulièrement John Oliver dans son talk-show – et celui au teint orange de Trump : ce néo-fascisme est un techno-fascisme. Plus omnipotent et puissant que jamais, aussi théoriquement démocratiques soient nos pays.
La réélection de Trump est-elle vraiment du fait des tech bros ?
Donald Trump, réélu Président des États-Unis, donc. Un cauchemar éveillé pour les progressistes et les minorités US, mais aussi très probablement dans beaucoup d'autres endroits du monde. Les conséquences politiques, économiques, écologiques, sociales, sont encore difficiles à mesurer. Surtout, je n'ai pas la prétention de me penser en commentateur pertinent du sujet (contrairement à l'excellent Corentin Sellin, par exemple).
En revanche, on peut parler ici de l'Éléphant (Républicain) dans la pièce : le rôle inédit de la tech US dans cette élection, et sa droitisation extrême ces dernières années. Si cela a été, par bonheur, beaucoup documenté ces dernières semaines, un rappel rapide des faits me semble important.
Nous allons évidemment parler d'Elon Musk. Mais il serait bien idiot de se limiter à cela.
Commençons par le commencement : la tech US dans son intégralité a-t-elle soutenue Trump ? Non, loin s'en faut. Comme le rappelle le chercheur au CNRS Olivier Alexandre, dans un article pour La Tribune :
"On pourrait croire que l'élite dirigeante a voté massivement Donald Trump. Mais la moyenne des votes et la pratique du "two party donation" donnent à voir une distribution plus équilibrée.
Dans les faits, l'orientation politique s'avère polarisée entre des industries tendanciellement républicaines, à l'image de l'aéronautique, de la grande distribution, le secteur de la construction ou celui de l'énergie, tandis que d'autres sont pro-démocrates, telle que l'industrie des médias et l'industrie de la Tech (avec Google, Netflix, Microsoft, Oracle et Apple en tête).
La Tech, du moins, entre l'élection de 1992 et celle de 2024. Au cours de la récente campagne, les dirigeants de la Silicon Valley se sont opposés comme jamais. Certains tiennent une position politique flirtant avec l'ultra-droite et ce de longue date. C'est le cas de Peter Thiel et David Sacks. D'autres ont à l'inverse effectué une bascule au cours de l'année, à l'image de Marc Andreessen et Ben Horowitz. Ce dernier a grandi à Berkeley et s'est excusé auprès de sa mère au moment où il a déclaré son soutien à Donald Trump. Même Elon Musk ne s'est engagé que tardivement au cours de l'année."
Comment expliquer cette droitisation de certaines figures de la tech, qui n'ont désormais plus honte d'afficher leurs croyances d'une dureté extrême ? Nous en avions déjà longuement parler dans le numéro 6 de TFTT. On peut chercher des explications pendant 10 ans, la raison principale ne fait pas grand doute et n'est pas d'une grande originalité : le pognon 💰
Pourquoi Bezos a-t-il imposé à son journal, le Washington Post, la neutralité ? Pourquoi Zuckerberg bloque au maximum les publications politiques sur ses plateformes (y compris Threads, ce qui est un non-sens pour une plateforme de micro-blogging) ? Alors même que ce même Zuck avait été beaucoup moins regardant au moment de la première élection de Trump… Idem, pourquoi la joyeuse industrie de la crypto a apporté un soutien massif à Trump ?
La question elle est vite répondu : Kamala Harris, pourtant pas franchement une gauchiste, allait leur coûter plus d'argent. Ben oui, Biden avait un peu commencé à leur gratter les poux, comme le rappelle un article du Monde :
"Depuis, la pandémie de Covid-19 et ses réglementations insupportables aux yeux des libertariens, la politique antitrust de Joe Biden – qui entendait limiter la toute-puissance des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) et possiblement aboutir au démantèlement de Google –, la mise en place de régulations du développement et de l’usage des intelligences artificielles (IA) ont poussé certains entrepreneurs dans le camp [Républicain].
On pourrait ajouter à cela la nomination de l'excellente Lina Khan à la tête de la FTC (Federal Trade Commission), qui a cherché des noises à toute l'industrie de la tech, en tendant pas mal de ses leaders au passage. Une Lina Khan étrangement absente de cet article-somme du Monde, qui continue cependant ainsi :
[Les investisseurs tech] Andreessen et Horowitz n’avaient donc « pas le choix ». Constatant l’« assaut brutal » contre les crypto-industries mené par l’administration Biden, qui menace rien moins que le « futur de la technologie, et le futur de l’Amérique » en permettant à la Chine de prendre de l’avance, ils annonçaient dans leur podcast « The Ben & Marc Show » soutenir Trump. Tant pis pour les positions radicales du candidat sur l’immigration ou l’avortement, ce sont les cryptomonnaies qui sont pour eux le « sujet le plus émotionnel ».
Et oui, on retrouve là la marotte principale des droitiers de la tech : l'état nous contrôle, et il ne devrait pas. Nous seuls savons ce qui est bon pour la société, alors les impôts et les régulations, très peu pour nous. Mais derrière ce libertarianisme pseudo-épique, on en revient - encore - à la même chose. Payer moins d'impôts, gagner plus d'argent.
Il y en a notamment un qui s'en ait mis plein les fouilles. Toujours dans Le Monde :
"Parmi tous ceux qui célèbrent la réélection de l’ancien président Donald Trump, peu ont autant de raisons de se réjouir qu’Elon Musk. Moins d’une semaine après le 5 novembre, sa fortune avait augmenté de 70 milliards de dollars (environ 66 milliards d’euros) soit un retour monstrueux sur un investissement dans la campagne du républicain qui semblait déjà démesuré : 120 millions de dollars, sur quelques mois."
Elon Musk est la figure la plus évidente de ce changement de paradigme pour la tech US. Car son soutien a été indiscutable dans la dernière ligne droite de la campagne. Financièrement, on l'a vu, mais également sur scène lors de meetings, et bien sûr, sur Twitter/X : 3247 messages postés sur son compte entre le 5 octobre et 5 novembre. Soit en moyenne 101 messages par jour adressés à ses 203,4 millions d’abonné.e.s. Auxquels il faut en fait ajouter toutes les personnes inscrites sur la plateforme, puisque son algorithme est désormais taillé pour pousser à tout le monde les posts du Sud-africain anti-immigration. Ou ceux des comptes suivant le même narratif.
On peut bien sûr réfléchir à des raisons profondes pour ce revirement dans le cas de Musk : je pense en effet qu'il a grillé un fusible complet au moment du covid, et que sa vision ultra-patriarcale et pro-nataliste à l'extrême a été encore éxacerbée au moment de la transition de genre de sa fille. Soit.
C'est peut-être cela qui explique son zèle contre le "woke mind virus" qu'il crache à longueur de journée sur son compte Twitter. Il tweet d'ailleurs si souvent que je doute de sa réelle efficacité, en tout cas sans un usage de drogue massif, une rumeur qui court depuis longtemps le concernant.
Mais qu'on ne me fasse pas croire que la raison principale de son revirement politique n'est pas financière. Avec l'élection de Trump, Musk s'assure des contrats gouvernementaux gigantesques pour Space X, et de la tranquillité pour son business avec Tesla. Plus personne ne va oser s'opposer à lui pour le moment. Du moins tant qu'il est en odeur de sainteté auprès de Trump, qui est connu pour se retourner contre ses aides de camp les plus proches.
Musk récupère aussi un poste de ministre au sein de l'Orwellien "Département de l'Efficacité Gouvernementale" (Department of Government Efficiency, DOGE) qui va surtout avoir pour but de virer tout le monde. Comme chez Twitter, où les résultats sont catastrophiques.
Je m'abstiendrais d'évoquer le jeu de mot débile autour de DOGE. Tout cela prouve encore que la réalité dépasse toujours la fiction. Références obligatoires à Orwell et Idiocracy faites, c'est bon, on peut avancer ✅
Rappelons pour finir cette partie que Trump n'a pas gagné seulement grâce à la tech de droite ; ou aux masculinistes en ligne, d'ailleurs, comme le rappelle Lucie Ronfaut. Ces mouvances extrémistes ont contribué à un glissement global. Les Démocrates sont aussi à blâmer, notamment. Harris ayant fait l'erreur habituelle de ceux s'opposant à l'extrême droite : essayer de se mettre à leur niveau, c’est-à-dire très bas.
À mes yeux, cette victoire de Trump et ce retour des fascismes en Europe, supportés par les outils numériques et les grandes forces économiques, est un signal clair. C'est la forme finale du capitalisme néolibérale, qui ne trouve plus d'autres solutions pour justifier que là-haut ça se gave autant, qu'au milieu plus du tout, et qu'en bas moins que jamais.
Et oui, elles sont loin les "trente glorieuses", la société de consommation heureuse, où la vie de beaucoup (certes pas de tous) s'améliorait d'une génération sur l'autre. Les coutures de la supercherie craquent définitivement. On sait bien désormais sur quel carnage, dans les pays plus pauvres comme du point de vue de l'état de notre planète, se construit notre "confort moderne".
Mais qui dit forme finale dit fin. Et je tends à penser en effet que le capitalisme va arriver en fin de règne, ce qui va malheureusement signifier des crises majeures, face auxquelles nous ne sommes sans doute pas préparés.
Le capitalisme en fin de règne ? Certains, comme Yanis Varoufakis, estime même "qu'il est déjà mort". Si je ne partage pas son avis sur tous les points, son interview chez Blast sur le sujet est très intéressante. Mais pas franchement réjouissante, là encore.
Ok. Mais maintenant, on fait quoi ?
Et oui, moi qui avais quitté Microsoft pour une boîte française par envie de bosser à nouveau en faveur d'un acteur européen de la tech, voilà que je vais en remettre une couche. Parce que je crois que nous devons transformer cette épreuve en chance :
L'Amérique glisse donc désormais vers un techno-fascisme. Son emprise technologique, mais aussi économique, politique, culturelle, n'en sera que plus dangereuse.
Les piques extrémistes et la pression de nos propres milliardaires européens nous font flancher, mais la différence est que nous ne sommes pas encore tombés. Peut-être parce que nous, Européens, avons déjà vécu une période similaire, sans la dimension numérique des choses ? Je n'ai pas l'impression que l'humain soit un animal très doué pour apprendre de ses erreurs, mais réfléchissons-y.
Une chance pour l'Europe ?
L'élection de Donald Trump peut-elle être l'électrochoc qui permettra à l'Europe de réduire ses dépendances aux États-Unis ? Voire pour proposer un modèle de société plus porteur, et montrer l'exemple si elle le peut ?
Elle doit bien sûr déjà gérer ses propres problèmes, aux premiers desquels se placent l'Ukraine et les autres ingérences russes en cours (comme encore récemment en Roumanie, notamment via Tik Tok). Sur ce point, les alignements bougent déjà. On pourrait aussi parler de l'énergie, ou d'aspects stratégiques plus large encore.
Il en est de même sur la tech. Si, on l'a vu, les big tech doivent être très satisfaites de cette élection, Trump est imprévisible, et pourrait se retourner vers la main qui le nourrit sans hésiter. De même, lui qui avec Musk se dresse en porte-étendard de la liberté, est pourtant très prompte à souhaiter la censure de ceux qui ne prônent pas sa vision. Une lecture originale de la notion de liberté d'expression très Twitter-compatible.
Des mouvements qui se mettent déjà en place, notamment via la nomination de Brendan Carr à la tête du régulateur américain des télécoms. Un Trumpiste pur jus de chaussette, évidemment soutenu par Musk, qui veut "démanteler le cartel de la censure" soi-disant imposé par les GAFAM, comme le rapporte Le Monde.
Dans ce bordel qui s'annonce, les entreprises européennes de la tech pourraient émerger du marasme (si elles ne se vendent pas toutes aux américains comme elles en ont l'habitude). Le régulateur européen devra se montrer plus intransigeant que jamais, et l'Europe doit être porteuse d'une éthique de la tech que les big tech US ont complètement abandonné malgré leurs grands discours.
Bon, c'est pas gagné. Parce que déjà quand on voit des sorties comme celles de Lagarde, on n’est pas sortis des ronces. Et puis parce que côté français, je suis lucide : je doute que ce soit avec Macron l'américain que nous avancerons sur ce point, dans l'immédiat. Ni avec des débiles comme Kasbarian au gouvernement. Mais sait-on jamais, puisque notre Jupitérien Président, après s'être empressé de féliciter Trump (presque qu'aussi vite qu'Orban, le bougre), a tout de même appelé à une Europe "plus unie et plus forte". Avant une prochaine élection qui sera évidemment déterminante.
Pensons maintenant de manière plus radicale encore. N’allons certes pas jusqu’aux fantasmes de guerre civile à la Alex Garland dans son bien nommé (et pas très intéressant) Civil War. Mais l'hypothèse que l’Amérique parte en cacahuète, enfermée dans un isolationnisme grandissant, peut ouvrir de réelles portes à des modèles hors de ceux poussés au chausse-pied par l'intelligentsia US depuis des décennies.
Parce que ne rêvons pas, l'espoir ne viendra pas, ou plus, des États-Unis. À l'inverse de ce que racontait Ernest Callenbach dans son livre Écotopia, que j'ai vu beaucoup de monde dans la sphère écolo repartager à la suite de l'élection de Trump (comme le chroniquait France Culture il y a quelques années).
Écotopia, cet état utopique formé sur la base d'une union de trois états américains, la Californie, l’Oregon et l’Etat de Washington. Unis pour proposer une société basée sur la décroissance, l’équilibre et l’harmonie ; une société démocratique, égalitaire, pacifique, responsable du devenir de la planète.
Non, cette utopie-là ne viendra pas des US. Alors de l'Europe ? Et bien pourquoi pas, on peut au moins toujours en rêver, ici. Nous restons, notamment en France et en Allemagne, un peuple très intéressé par le sujet. Où les plaintes contre l'ultra-libéralisme sont de plus en plus fortes.
Et si avec un possible effondrement de l'american dream nous avions enfin l'opportunité de nous tourner vers un autre modèle ? Si, plutôt que de répondre aux sirènes nationalistes poussées par des milliardaires (de la tech ou non) que les divisions du bas arrangent pas mal, nous allions vers d'autres horizons ?
C'est évidemment un vœu pieu, ou presque. Il est aujourd'hui difficile d'imaginer un tel revirement de situation vers une économie et des (low-)technologies plus soutenables. Mais comme je le disais dans notre numéro 8 :
"Cela vous semble utopiste, voire même impossible ? Citons la grande autrice de Science-Fiction, Ursula K. Le Guin, avant de parler plus concrètement d'autres futurs possibles :
"Nous vivons au sein du capitalisme. Son emprise sur nos vies semble inéluctable. Mais il en fut de même pour le droit divin des rois. Tout pouvoir humain peut être renversé par des résistances et des velléités de changement de la part d'autres êtres humains. Ces résistances, ces changements, ils trouvent bien souvent leurs origines dans l'art, encore plus souvent dans notre art, l'art des mots."
Une citation assez formidable issue de ce non moins formidable discours datant de 2019."
Précisons qu'Ursula Le Guin est… américaine. À nous aussi, européens, de nous construire nos propres narratifs sur ces sujets. Car biopunk, low-tech, vision techno-critique, refus du techno-solutionisme… ces narratifs-là peuvent mener l'Europe vers un modèle qui peut faire la différence dans un monde qui va être profondément modifié par le changement climatique et les crises politiques, démographiques, économiques afférentes.
Un dernier point à ce sujet : placer l'Europe en sauveuse du monde n'est pas plus malin que de laisser les américains nous imposer leurs vues. C'est la violence de l'Europe qui a été à l'origine de celle des États-Unis, c’est l’Europe qui a colonisé et asservi le monde. Alors on ne va pas trop la ramener non plus. Gérons-nous, nous, déjà. Sans nous enfermer dans nos frontières comme le veulent les nationalistes, cependant.
Après les rêves, du concret
Nous avons parlé là d'idées très ambitieuses. Mais les grands changements se passent aussi au niveau des petites choses. Car, chers lecteurs, chères lectrices, je pense que la vaste majorité d'entre vous n'êtes pas américain.e.s, et ne pouviez donc pas voter à ce scrutin tristement historique.
Mais il existe d'autres façons d'agir sur le cours des choses : choisir avec discernement à qui vous donnez de l'argent, et à qui vous transmettez vos données (le mieux étant de ne pas en transmettre, on est d'accord). Alors je vous propose un petit guide pour se faire.
Deux notes en préambule :
- Il est évidemment très arrogant de ma part de vous dire quoi faire. Ce sont des indications, à vous de voir. Moi j'essaye d'en appliquer un maximum, alors je me dis que cela peut en aider certains.
- Comme le disait Mona Chollet il y a peu à propos de l'écologie, personne ne sera parfait sur ces divers points. Et rien ne sert de tenir un discours hyper culpabilisateur dans une société capitaliste américanisé qui ne nous laisse pas toujours le choix.
Le cas de Twitter et ses remplaçants
J'ai beaucoup parlé d'Elon Musk (comme trop souvent), alors débutons par l'évidence. Il faut quitter Twitter. Cette antichambre du démon que la plateforme est devenue, promouvant exclusivement les discours haineux et extrémistes aux US comme en Europe, dois devenir un espace creux ou seuls les fachos s'entendent crier. Et un trou à pognon pour propriétaire.
L'exode a certes commencé assez massivement depuis l'élection de Trump. Dommage qu'il ait fallu en arriver là pour que cela s'active, mais bon, c'est déjà ça de pris. The Guardian a lancé les hostilités en annonçant ne plus poster sur X, avant d'autres médias ailleurs et notamment en France (Ouest France étant le premier grand média à le faire chez nous).
Depuis, beaucoup de journalistes et de figures connues, politiques ou non, ont quitté la plateforme de Musk. D'autres y restent, arguant que c'est encore là que "se passent les choses". Moi j'ai envie de leur répondre : pour encore combien de temps ? Et les choses se passent-elles vraiment de manière crédible et pertinente sur un réseau autant manipulé d'un point de vue algorithmique pour mettre seulement en avant les opinions d'extrême droite ?
Voir des médias de qualité comme Numérama défendre des positions aussi éclatées, sur un sujet qu'ils devraient maitriser, fait franchement peur. Assumez le fait que vous avez simplement peur de perdre de l'audience, dans une vision court-termiste dommageable.
Difficile d'en vouloir aux médias, tant le terrain est déjà difficile pour eux ? Peut-être. Moi j'ai envie de répondre la même chose que je réponds aux gens qui me disent vouloir garder leur abonnement Canal+ malgré Bolloré, "parce que Canal finance la culture française" : doit-on se satisfaire que la culture, les médias, que les lieux "où ça se passe" soient aux mains des fachos, parce qu'ils les financent ? Et qu'arrivera-t-il à la culture, aux médias, à ces "agoras" quand l'extrême droite arrivera au pouvoir, à votre avis ?
L'avantage, c'est que l'on aura bientôt les US sous la main comme laboratoire pour infirmer ou confirmer cela 🥲
Une fois qu'on a dit ça, on va où ?
Gagnons du temps et mettons tout de suite Threads à la poubelle : la plateforme détenue par Meta ne vaut pas franchement mieux que Twitter, parce que la toute-puissance de Zuckerberg n'est pas moins un danger pour la démocratie que celle de Musk. Accessoirement, la politique algorithmique de la plateforme et son choix de rétrograder les contenus politiques la discrédite automatiquement.
Le gagnant, pour le moment, est clairement Bluesky. Le réseau est certes encore petit : il vient de dépasser les 20 millions d'utilisateurs, loin des 335 millions de Twitter en 2024 (qui, lui, en comptait tout de même 33 millions de plus en 2022).
Mais c'est clairement là qu'il se passe quelque chose. Le réseau est extrêmement actif, journalistes et scientifiques y sont arrivé.e.s en masse, et on y retrouve la plupart des comptes qui formaient la colonne vertébrale du Twitter français pré et post-Musk.
Le fonctionnement en est également proche, mais avec des fonctionnalités de blocage très intéressantes et une modération qui semble vraiment vouloir se mettre au niveau des enjeux, des attentes, et de son public grandissant.
Comme l'explique Brian Merchant, le néo-succès de Bluesky est en soit la preuve d'un rejet du modèle des big tech. Mais, vous me voyez venir : ce n'est pas la panacée. Bluesky reste une entreprise américaine, qui pourra donc être soumise à des problèmes que l'on évoquait plus haut. Et l'aspect non décentralisé du réseau à ce stade l'empêche d'être protégé contre de telles dérives.
L'entreprise est aussi détenue par des capitaux discutables, en provenance des cryptos (tiens, tiens). Et il ne faut pas se méprendre : Bluesky ne sera jamais un "safe space". Dernier point : tout ce qui vous y posté est public, et donc atteignable par l'IA. Ami.e.s artistes, pensez à passer vos œuvres postées sur le réseau par la moulinette Nightshade.
Il y a enfin Mastodon : alternative fabriquée originellement en Allemagne, mais surtout pleinement décentralisée (tout le monde peut créer un serveur, interconnecté avec tous les autres serveurs au sein de Mastodon, voire au-delà).
Avec un fonctionnement là-aussi proche, mais plus radical sur certains points. Et un usage certes moins simple, notamment à l'entrée, mais pas aussi complexe qu'on nous le vend souvent. Le vrai problème de Mastodon, à ce stade, c'est que la plateforme sonne un peu creux depuis la hype Bluesky.
Si vous souhaitez approfondir ce point, je vous conseille cette courageuse lettre d'information du Conseil National du Numérique.
Moi, ma décision jusqu'ici a été d'être actif sur Bluesky et Mastodon exclusivement. J'avoue sans gêne que je trouve l'expérience sur Bluesky plus engageante, parce que j’y retrouve davantage mes contacts. Mais j'aime aussi Mastodon pour son côté plus radical, ses communautés du logiciel libre très présentes, et l'intérêt de nombre de ses membres pour la low-tech.
Allez venez, on est bien !
Des idées pour moins dépendre numériquement des US
Au-delà des applications de micro-blogging, notre dépendance numérique aux entreprises américaines est hallucinante. Et que penser de notre dépendance à toutes ces applications, à tous ces services, s'ils sont censurés, influencés et potentiellement pilotés par des partisans de Trump ?
On voit bien déjà comme les big tech anticipent les décisions à venir en s'autocensurant, comme Bezos et Zuck (peut-être sans déplaisir d'ailleurs, les concernant).
Alors faisons un exercice toujours intéressant : à combien d'entreprise américaines de la tech avez-vous donné de l'argent sur ce mois de novembre ? J'ai fait l'exercice pour illustrer mon propos : à titre personnel, j'ai loué un logement sur Airbnb, j'ai acheté un jeu sur Steam, et mon abonnement au Monde passe encore par Google Pay – je ne sais pas s'ils prennent une commission ou non.
Côté "pro", et bien cette newsletter part encore via Ghost, entreprise américaine à qui je verse donc une poignée de $ chaque mois. Et si je ne leur donne plus d'argent depuis belle lurette, je travaille sur des outils Microsoft, Google ou Apple pour le perso comme le pro, par habitude comme par obligation : quand on bosse en freelance, il faut souvent utiliser les outils de ses clients.
Mais globalement… c'est tout de même peu. Si en déplacement, j'ai encore du mal à me passer d'Airbnb alors que je n'aime vraiment pas cette boite, je sais pouvoir faire des efforts à terme. Je vais modifier mon abonnement au Monde pour ne plus dépendre de Google, et pour Ghost, je creuse d'autres solutions. Mais on ne m'a pas dit que du bien de la qualité de service de Kessel, la solution française.
Alors, si on listait les alternatives numériques européennes ?
- Côté OS grand public, on va être bloqué entre Microsoft et Apple, comme vous pouvez vous en douter. Linux, en tant que système d'exploitation open-source, est évidemment la solution idéale pour éviter de verser des royalties aux deux géants, mais reste techniquement plus complexe, et donc difficile à conseiller aux non-initiés.
- Du point de vue des suites bureautiques, je suis un utilisateur de Proton depuis assez longtemps. L'entreprise Suisse propose la totale : emails, calendrier, VPN, stockage en ligne, gestionnaire de mot de passe, etc. Le seul élément qui manquait à la suite était la disponibilité d’un éditeur de documents, et c'est réglé depuis peu. Il existe pas mal d'autres acteurs qui tentent de proposer la même chose, mais rien d'aussi efficace et complet que ce propose Proton, à mon humble avis.
Au global, on peut aussi conseiller de checker ce que font des organismes comme Framasoft ou Emancip'asso, des approches radicales mais vraiment intéressantes. - Sur les navigateurs, pour le coup, il est facile de trouver des alternatives à Google, Microsoft, Apple. Firefox a beau être américain, c'est toujours plus pertinent que les trois autres clampins, puisque libre. Il y a également Opera, société d'origine Norvégienne (où le siège social est encore placé) avec de nombreux bureaux en Pologne, et donc construite autour du droit européen (mais dont une partie des capitaux sont détenus en Chine).
- Côté streaming vidéo, face aux mastodontes Netflix et consorts, il y a bien Canal+. M'enfin bon, Bolloré, non merci. Je pense cela dit que peu de français utilisent encore à leur plein potentiel les services (gratuits) de France Télévisions et Arte, qui proposent (certes avec des players pas folichons) des films et séries de grande qualité. Côté payant, le service Mubi, made in England, est aussi de top, et il est assez facile d'obtenir jusqu'à 2 mois de test gratuit. Après, il faut aimer les films d'auteur, on est bien d'accord.
- Côté jeux vidéo, quand on est sur consoles, c'est assez simple. Nintendo est l'entreprise la plus non-américaine qu'on puisse imaginer sur pas mal d'aspects. Communication à l'ancienne très axée TV et produits dérivés à la papa, présence sur les réseaux sociaux limitée au minimum syndical, rejet de l'IA générative… N'allez pas me faire dire que Nintendo est une boîte parfaite, mais quand on ne veut pas donner d'argent aux américains, on sait où aller (bien plus que chez PlayStation, devenu malheureusement avec le temps une antenne très américanisée de Sony).
Sur la partie PC, j'utilise encore trop Steam, mais les derniers développements les concernant me pousse vraiment vers d'autres acteurs. Cela tombe bien, il y a une solution européenne qui existe : GOG (pour Good Old Games), made in Pologne ! On y trouve une belle partie des jeux disponibles sur Steam, parfois certes avec un léger décalage. La plateforme propose en plus l'outil GOG Galaxy, qui permet de réunir toutes ses librairies de jeux : Steam, Epic (où on sait tous que vous n'allez que pour récupérer le jeu gratuit hebdomadaire), Ubisoft, Origin, etc. - Côté streaming musical, vous allez me dire que c'est facile. Spotify, c'est Suédois. Certes, mais c'est aussi une boîte sacrément pérave, de leur deal avec Joe Rogan à leur comportement face à leurs obligations financières. En face, Deezer à l'avantage d'être français – vous remarquerez que je n'ai pas pu citer beaucoup d'entreprises françaises ici 😬 – de payer (légèrement) mieux les artistes, et d'avoir moins de casseroles aux fesses. Peur de perdre vos playlists en passant chez Deezer ? Y'a un outil pour ça.
- Pour les appareils, il y a certes Samsung sur les mobiles et tablettes, m'enfin on est un peu loin de l'Europe. Pour le reste, s'il faut faire le choix entre les US et la Chine, ce n'est quand même pas la panacée. Mais comme pour tout ce qui est physique, le plus simple n'est pas aller chercher très loin : acheter du reconditionné, c'est encore le plus simple pour ne pas donner directement de pognon aux big tech, et en plus c'est mieux pour la planète.
Perso, je suis quand même un grand utilisateur de tech, et je n'ai pas acheté un seul appareil neuf depuis bien 10 ans. Suis-je handicapé par ce choix ? Pas du tout, je n'ai même jamais eu de problème avec un de mes appareils. Après, si on veut pousser le bouchon, on sait que les acteurs les plus gros du marché du reconditionné comme Back Market font faire le boulot aux 4 coins du monde, alors si vous trouvez ce qu'il vous faut chez des reconditionneurs qui font tout en France comme les bretons de Quel Bon Plan, n'hésitez pas.
Voilà pour cette conclusion pratico-pratique. Comme je l'ai dit en préambule, loin de moi l'idée de vous servir un discours culpabilisateur. Mais je pense que faire des efforts par rapport à nos habitudes bien ancrées, collectivement, peut déjà engendrer des différences majeures.
La clé, elle est déjà là. Faisons chacun des efforts, en tant qu'Européens, pour profiter de ce tournant historique(ment triste) de la vie politique américaine pour devenir plus autonomes technologiquement vis-à-vis de ceux qui restent nos maîtres sur ce pan (et bien d'autres) depuis 90 ans.
De toute façon, Bruce Willis ne fait plus de films, alors quel est l'intérêt de rester accroché au rêve américain.
Voilà, c'est tout pour ce mois de novembre, et c’est déjà pas mal ! On se retrouve ainsi le mois prochain pour un onzième numéro de Tales From The Tech.
D'ici là, n'hésitez pas à partager le format autour de vous, cela me ferait très plaisir. Et à me faire part de vos retours ! Vous pouvez le faire en commentant l'article sur tftt.ghost.io, ou directement via mes différents réseaux 🤗
Thomas 🤌
PS : Tales from the Tech est garanti sans IA, pas sans faute.